Retour aux origines du vin de notre région - COMM'une info n° 77

Publié le 4 avril 2024
Dans cette nouvelle rubrique, notre archiviste communal David Bertolini nous emmène à la découverte des vignes et vins de Blonay – Saint-Légier.

Aussi réputées que séculaires, les vignes de Lavaux sont incontestablement les plus anciennes du pays. On présume qu’il existait des vignes depuis l’époque romaine déjà. Des médailles datant du premier millénaire après Jésus-Christ, prouvent le passage de moines qui se sont attelés alors à un travail colossal de défrichement. Ce sont eux, qui, peu à peu, ont façonné le paysage, par l’aménagement progressif de terrasses artificielles.

Vignes à Blonay

En ce qui concerne plus précisément notre région, il est question de vignes dans un parchemin daté du 4 mai 1370. Il y est fait mention d’une cession faite par Nicolas de Blonay, sa femme Marguerite et son fils Jean, aux hommes du village, afin de pouvoir établir des gardes champêtres sur leurs vignes, blés et prés, et percevoir les petites amendes. Le seigneur se réserve les amendes de 3 sous et au-dessus. Détail intéressant, ce document se trouve aux archives de St-Légier – La Chiésaz.

Cette concession fut annulée le 9 juin 1432 par le bailli de Vaud, Jacques de Morges. Cependant, le premier acte officiel mentionnant la présence de vignes à Blonay date de 1483.
Les vignes blonaysannes ont longtemps été possession des couvents. Dès le XVIe siècle, avec la réforme, l’abolition de certains de ces couvents entraîne la vente de leurs vignobles. Ces terres sont alors rachetées par des familles de Blonay. Au XVIIIe siècle, le vignoble blonaysan est presque exclusivement en cépages de Mondeuse (rouge tardif) et de Gonet ou Gonais (blanc tardif). À cette époque, le vignoble était travaillé par les paysans qui possédaient presque tous des vignes. Au début du XXe siècle, et plus particulièrement de 1916 à 1926, diverses maladies vont ruiner la vigne et ses exploitants. Malgré les nombreux traitements, les récoltes et les cépages ne pourront pas être sauvés. De grands parchets sont laissés à l’abandon.

Regroupement parcellaire

Par conséquent, pour Blonay, un grand remaniement parcellaire s’impose. Il aura lieu dès l’année 1948 et se termina en 1955. Le but est principalement de regrouper les parcelles, afin d’éviter que les vignerons passent plus de temps à se déplacer qu’à travailler dans les vignes. En effet, celles-ci étaient jusqu’alors disséminées à plusieurs endroits différents. Ce regroupement parcellaire favorisera aussi la création de nombreux chemins autour des parcelles, la canalisation des ruisseaux avec la conduite de l’eau vers de grands bassins de ciment, ainsi que la démolition de nombreux murs.

En 1976, des zones viticoles excluant la construction d’habitations sont clairement délimitées et consignées dans une législation spécifique. À la suite de ces transactions, la Commune de Blonay devient propriétaire en 1976 et en 1979 de deux parcelles : 2’000 m2 de Chasselas En Macheyrix et 4’800m2 de Gamay En Forchex. Depuis, le savoir ancestral et les nouvelles techniques de soin à la vigne et de travail à la cave s’allient pour produire de la qualité. Les archives nous indiquent, par exemple, que les premiers traitements par hélicoptère datent de 1984.

Les vins

Les vins de la région portent l’appellation « Vevey-Montreux », qui a pour limite à l’est, le château de Chillon, et à l’ouest, la Veveyse. Les cépages les plus favorables qui ont été déterminés par l’expérience et le climat, sont, pour les blancs, le Chasselas, qui s’est imposé dans tout le Pays de Vaud, et pour les rouges, le Gamay. Le pinot noir et le pinot gris sont aussi cultivés sur la Commune. À cela s’ajoute un grand nombre de spécialités plus ou moins répandues telles que Diolinoir, Merlot, vin mousseux... De nombreux Blonaysans cultivent un petit lopin de vignes par pur plaisir. Certains d’entre eux livrent leurs récoltes à la Cave Vevey-Montreux ou à des commerces spécialisés. Blonay - Saint-Légier compte par ailleurs six producteurs encaveurs professionnels, à savoir : Xavier Bühlmann, Henri et François Montet, Albert Mamin, Marc Wunderli, Martial Neyroud et Jean-Marc Favez. C’est grâce à leur passion et à leur savoir-faire, que nous dégustons chaque année les meilleurs crus de la Commune.

On ne peut donc qu’augurer que la vendange 2024 soit belle et que l’on puisse encore trinquer en souhaitant, comme le disaient les anciens : « Santé, gloire et bossette... »

COMM'une info n° 77 - Avril 2024
 

Vendanges
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