Château de Blonay
Le château de Blonay et sa seigneurie
Le château de Blonay appartient à la famille du même nom depuis les débuts de l’époque féodale jusqu’à aujourd’hui, à l’exception d’une période entre 1752 et 1806, comme nous le verrons plus loin. Centre d’une seigneurie étendue, il dominait non seulement les localités formant aujourd’hui la commune de Blonay, mais également, durant deux périodes (1092–1342 et environ 1563–1680), le territoire de Saint-Légier–La Chiésaz. En 1558, la seigneurie comptait 133 feux. La famille de Blonay fut l’une des plus importantes et sans doute la plus ancienne du Pays de Vaud, remontant, selon la plupart des historiens, à un certain seigneur Othon, vivant peu après l’an mil.
Les origines de la maison de Blonay
L’origine de la maison de Blonay a suscité l’intérêt de nombreux érudits. Frédéric de Gingins et Louis de Charrière la rattachent à la maison de Faucigny : selon une charte de 1083, Othon serait le fils d’Aymerard II, et frère de Guy de Faucigny, évêque de Genève. Une charte de 1216 appuie cette thèse : Aymon, seigneur de Faucigny, qualifie Aymon de Blonay de « consanguineus noster et amicus », terme désignant un parent de sang.
Maxime Reymond, suivant M. de Manteyer, propose une autre hypothèse : Othon descendrait d’un certain Luithard, seigneur dans la région de Vevey vers l’an 1000, frère des évêques Hugues de Genève et Henri de Lausanne, et cousin du roi de Bourgogne Rodolphe III.
L’historien Albert de Montet penche quant à lui pour une origine dans la maison comtale de Savoie-Belley. Selon lui, Othon, frère de Bourcard II (archevêque de Lyon et abbé de Saint-Maurice en 1038), serait le même qu’Othon, avoué du domaine temporel de l’abbaye. Une charte de 1038 atteste de sa fonction, suivie d’un acte de 1068 où son épouse Eldegarde et ses enfants reçoivent en fief la terre d’Attalens. Si l’avouerie était héréditaire, Amédée de Blonay, qui apparaît en 1080 comme avoué de Saint-Maurice dans la charte de fondation de l’abbaye d’Abondance, serait son fils.
Développement de la seigneurie
Amédée Ier, premier membre attesté de la famille, eut deux fils : Vaucher Ier et Amédée II. La famille prospère, fondant l’abbaye de Haut-Crêt (1134) et apparaissant dans de nombreux actes comme avoués et bienfaiteurs de divers monastères. Le château de Blonay n’existait pas encore à cette époque : les actes étaient datés de Chillon, Vevey, Corsier ou Chexbres. Sa construction est attestée en 1175 par un document de l’abbaye d’Hauterive.
À l’arrivée des Zähringen au rectorat de Bourgogne, la maison de Blonay fut la seule du pays à reconnaître leur autorité, contrairement aux autres seigneurs romands qui résistaient à cette nouvelle domination.
Les Blonay s’organisent : un sénéchal administre leurs droits de justice et un vidomne gère leurs terres. En 1220, un Nicolas est mentionné comme vidomne, et au siècle précédent, un Cono est qualifié de mestral de Blonay.
Partages et héritages
Guillaume II et Pierre Ier, fils de Vaucher II, construisent le château en 1175 et établissent leurs droits sur Corsier, donnant en 1184 la dîme du Dézaley à l’abbaye de Montherond. Leur descendance scinde ensuite la seigneurie : Vaucher III hérite de Blonay-sur-Vevey et d’une part de Corsier ; ses cousins obtiennent Saint-Paul, Blonay en Chablais, Montigny, etc.
Au fil des générations, les partages se multiplient, les alliances matrimoniales renforcent les possessions, et certains membres — comme Jean III — s’illustrent à la cour du duc de Savoie, au concile de Bâle ou comme gouverneurs de Coppet ou d’Aubonne. Le château devient un centre de pouvoir politique autant que territorial.
Du déclin féodal à la récupération
Au XVIIIe siècle, la seigneurie ne suffit plus à faire vivre tous les héritiers. En 1750, elle est vendue à Rodolphe de Graffenried, qui en détient tous les droits seigneuriaux. Son fils prête hommage en 1794. En 1806, Jean-Rodolphe-Frédéric de Blonay rachète le château, qui reste depuis propriété de la famille.
Le château aujourd’hui
Le château de Blonay domine depuis 1175 les vignes, prairies et vergers qui l’entourent, lui conférant un charme paisible et patriarcal. Seule la grande tour carrée du donjon subsiste intégralement depuis l’origine, hormis ses ouvertures rectangulaires, ajoutées au XVe siècle. Le reste du bâtiment, tout en conservant sa forme générale, a connu plusieurs transformations, notamment à la fin du XVe siècle pour intégrer des éléments défensifs adaptés aux armes à feu.
On pénètre dans l’enceinte par une porte d’origine bernoise, puis dans une seconde cour défendue par des mâchicoulis et meurtrières. Le château, de plan rectangulaire, était flanqué de quatre tours, dont deux subsistent. Trois grands contreforts soutiennent encore la façade est.
L’ancienne chapelle du XVe siècle sert désormais d’archives. On y trouve encore la table d’autel, un bénitier et un vitrail daté de 1577. À l’époque bernoise, la seigneurie de Blonay disposait de sa propre cour de justice.
Chemin du Chateau 28
1807 Blonay