Or Shatil, la pépite des échecs - COMM'une info n° 80
C’est le frère Shir qui a ouvert la voie à sa soeur cadette (voir encadré ci-dessous). Le garçon, de quatre ans son aîné, a en effet entraîné Or dans son sillage et celle-ci a mis le pied à l’étrier dès son plus jeune âge. « Je crois avoir débuté ce jeu quand j'avais 6 ans et demi. J’ai très vite compris les règles et je me suis rendu compte que j’arrivais bien à visualiser l'échiquier et les différentes options de coups », se souvient la jeune prodige. Avant l’arrivée de la famille sur sol helvétique il y a 5 ans, Or a passé ses premières années en Israël, un pays où les échecs sont très populaires. Rapidement, elle épate les observateurs et surprend ses adversaires. « J’ai joué mon premier tournoi officiel quand j'avais moins de 7 ans. Je n’avais pas de rating (classement) et personne ne m’attendait. J’ai gagné mes 5 matchs et j’ai battu des joueurs qui avaient 18 ou 19 ans », nous raconte-t-elle simplement.
10 à 12 tournois par an
Lorsque la famille débarque dans la région lémanique, le père se renseigne aussitôt sur les clubs d’échecs de la région. Les deux enfants intègrent alors le club d'échecs de Vevey qui évolue en Ligue Nationale B. À 12 ans, Or devient la plus jeune junior à remporter une victoire dans cette ligue. Elle a également remporté deux finales nationales suisses chez les filles. Mais aujourd’hui, afin de continuer sa progression, elle doit parcourir l’Europe pour se frotter aux cadors mondiaux. « Pour faire évoluer mon classement, je dois battre des joueurs meilleurs que moi. C’est en les affrontant que j’apprends et que je m’améliore », explique-t-elle. Les tournois durent habituellement de huit à neuf jours. Chaque participant joue neuf parties, la plupart du temps, une par jour. Les rencontres durent de quatre à cinq heures et requièrent une préparation minutieuse. Shlomo, le père, est le manager et le co-entraîneur de sa fille. C’est lui qui planifie et dirige les entraînements. Lors des tournois, il met tout en oeuvre afin de lui offrir des conditions propices à la concentration et à la performance. Outre les
repas, les déplacements et l’hébergement dont il est en charge, il passe en revue les parties d’échecs des futurs adversaires de sa progéniture afin d’élaborer un plan de jeu.
Tout pour les échecs
La jeune fille suit actuellement sa scolarité dans une école privée de la région. Elle brille dans les différentes matières scolaires et figure parmi les meilleures élèves de sa classe. Ses excellents résultats lui permettent de bénéficier de plages horaires pour s’entraîner ou participer à des compétitions. Selon elle, le contexte est idéal. « Je n’ai pas trop besoin de me soucier de mon avenir actuellement. Il me reste encore 4 à 5 années de scolarité durant lesquelles je vais pouvoir me concentrer à 100% sur les échecs. Je veux vraiment me donner la chance de faire une carrière et tenter de faire partie des meilleurs joueurs mondiaux. » L’adolescente sait que le chemin est encore long, mais elle fait montre d’une détermination à toute épreuve. À peine notre entretien terminé, elle reprend place autour d’un échiquier pour réfléchir encore et encore aux coups qu’elle portera à ses prochains adversaires.
Shir Shatil, champion suisse par équipe chez les juniors L’aîné de la fratrie, Shir Shatil, a décroché, au début du mois de juin dernier, le titre de champion suisse par équipe. Avec trois de ses acolytes du club d’échecs d’Echallens, il a remporté la victoire face à l’équipe de Payerne lors des championnats nationaux qui se sont tenus à Berne. Un beau résultat pour le jeune homme de 17 ans qui, à l’image de sa petite soeur, se passionne pour les échecs depuis qu’il est petit. |
COMM'une info n° 80 - septembre 2024