Edith Fischer, récompensée pour une vie consacrée à la musique - COMM'une info n° 86
Édith Fischer naît à Santiago du Chili, en février 1935, d’un père violoniste et d’une mère pianiste, laquelle devient son premier professeur. Un enseignement qui lui permet de donner son premier récital à l’âge de 11 ans. Ses premiers succès et des recommandations enthousiastes de musiciens de renom lui donnent la possibilité, quelques années plus tard, de décrocher une bourse pour étudier à New-York, aux États-Unis. Édith Fischer a alors 17 ans. Elle intègre la classe de son compatriote Claudio Arrau, lequel l’encourage à embrasser une carrière de pianiste professionnelle. Une voie que la Chilienne continue aujourd’hui de suivre à nonante ans (!) avec une énergie et une passion débordantes. « Je suis très reconnaissante d’avoir une santé qui me permet de continuer à pouvoir donner le meilleur de moi-même. La musique est un langage universel, elle annule les distances et les différences. Cela revêt une importance capitale dans le monde actuel », nous explique-t-elle, depuis son pays natal où elle réside depuis 2007.
Les années suisses, la Semaine internationale de piano
La musicienne arrive en Suisse dans le courant des années 50, d’abord à Zürich où elle débute sa carrière européenne. La beauté des paysages et l’accueil très positif de la critique l’incitent à s’y installer. Elle rejoint ensuite Corseaux dans les années 60, puis durant les années 80, s’installe à Blonay avec son mari Jorge Pepi-Alos, pianiste et compositeur. C’est lors d’un séjour à Bruxelles, dans lequel elle est appelée à donner un cours, que l’idée de créer la Semaine internationale de piano lui vient. « À Bruxelles, certains de mes élèves prenaient des cours avec d’autres professeurs. La formule m’a plu et j’ai eu l’idée de proposer cela dans notre région, sur la Riviera. » Édith Fischer peut alors compter sur le soutien de son époux et l’hospitalité du Centre de Musique Hindemith à Blonay. Ce dernier a justement pour vocation de promouvoir et cultiver la musique et organise déjà des master classes d’artistes.
Le couple fonde le festival musical en 1990. D’abord exclusivement réservée aux pianistes, la manifestation prend finalement l’appellation de Semaine internationale de piano et de musique de chambre, ouvrant de fait les portes à d’autres instrumentistes : violonistes, violoncellistes, souffleurs et clavecinistes venant enrichir le panel de professeurs. Des musiciens choisis pour leur talent et aussi leurs qualités humaines, des valeurs chères aux deux pianistes. En août prochain, le festival vivra sa 36ème édition (cf. encadré). Une programmation éclectique, riche et inventive attend le public dans l’église de La Chiésaz, choisie pour sa qualité acoustique.
Une actualité débordante
L’enthousiasme et la vitalité de la musicienne laissent pantois. Le rythme de la nonagénaire est en effet effréné. Après des concerts et des master classes en Hollande, Londres, et Tenerife, Édith Fischer était de retour au Chili en mai, au moment où nous rédigions cet article, pour des récitals et des concerts avec orchestre donnés dans différentes villes. Un rythme intense qui va se poursuivre jusqu’à la mi-juillet, période qui marquera son retour en Suisse, non sans avoir encore donné un récital en Espagne quelques jours plus tôt. La pédagogue sera donc présente à St-Légier - La Chiésaz pour « son » festival. Une manifestation et une région qui lui sont restées chères. « Nous avons voulu créer un festival pour tout un chacun en proposant chaque année des musiciens avec une aura internationale, de jeunes artistes, à des prix à la portée de toutes les bourses. J’ai aujourd’hui délégué la plus grande partie de mes responsabilités au sein de l’organisation. J’ai l’espoir que cela continue pendant de longues années avec les idéaux qui lui ont donné naissance » , conclut-elle, avec l’entrain qui la caractérise.
COMM'une info n° 86 - juin 2025
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