St-Légier - La Chiésaz - Histoire des transports et de la mobilité
De par sa position géographique, la commune de St-Légier - la Chiésaz est un territoire que l'on ne peut éviter, entre le sud du canton de Fribourg, le lac Léman et la plaine du Rhône. Depuis toujours, les personnes qui se déplaçaient à pied, à cheval ou en char, empruntaient des chemins campagnards de Châtel-St-Denis à Vevey, en passant par St-Légier-La Chiésaz. Certains tracés de ces chemins existent encore à Saumont, La Motte, Maravau, En Bendes, La Tuilière, La Veyre et Gilamont. De l'autre côté de la Veveyse, un tracé semblable desservait les Monts-de-Corsier, Fenir et Corsier-sur-Vevey. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, il n'y avait que deux possibilités de franchir la Veveyse avec chars et chevaux, entre Châtel et Vevey. La première au nord par le vieux pont de Fégire, aujourd'hui démoli et remplacé par un ouvrage en béton en 1990, la seconde au sud, à la limite avec Vevey, par le pont de Gilamont avec sa magnifique arche en pierre.
L'ancienne Auberge de la Veveyse était l'arrêt incontournable et apprécié des voyageurs. Chacun pouvait s'y restaurer, y compris les chevaux. Cette construction du début du XXe siècle fut détruite par un incendie en l'an 2000 et reconstruite en un magnifique café-restaurant. En continuant leur route jusqu'à Vevey, par les chemins de Maravau et de La Veyre, les convois arrivaient à Gilamont, par le chemin du Chapon, en forte pente. Ce tronçon fut supprimé en 1965, lors de la construction de la route du Rio-Gredon et du viaduc de Gilamont, pont routier enjambant la Veveyse jusqu'à Corsier sur Vevey.
La route de La Chiésaz et de Saint-Légier était à disposition des piétons, des enfants et des convois agricoles. Les agriculteurs utilisaient essentiellement les boeufs pour leurs labours et leurs transports. Dès 1950, l'important réseau de chemins agricoles est amélioré par des revêtements de gravier concassé et de bitume liquide. La route des Deux-Villages, reçoit son premier revêtement bitumineux en 1948. Fini le macadam poussiéreux et les surfaces bosselées. L'augmentation du trafic des voitures est très importante depuis 1950, parallèlement au développement des zones constructibles à St-Légier - La Chiésaz et Blonay.
En 1960, on dénombrait 1600 véhicules par jour qui traversaient le village de St-Légier - La Chiésaz. Ce nombre passait à 2500 en 1980 et à 5300 en 2000. Aujourd'hui, en 2010, il a dépassé les 9000. les communes de St-Légier - La Chiésaz et Blonay n'ayant pas trouvé à temps des solutions pour une route de contournement du village de St-Légier - La Chiésaz, cette traversée devient tous les jours plus dangereuse et invivable, On y crée toutes sortes de chicanes pour obliger les véhicules à ralentir et respecter les règles de circulation, notamment les vitesses imposées.
Au XVIIIe siècle, un service de diligences régulier assumait les déplacements des passagers et du courrier de Vevey à Blonay, en s'arrêtant à La Chiésaz. Ce service pris fin en 1905 avec l'ouverture de la ligne de chemin de fer des CEV. L'immeuble de la poste de 1900 existe encore en 2010, en face de la grande salle. Transformé en 1975, il y fut créé au rez, des arcades pour aménager un passage pour piétons et un local commercial, aujourd'hui salon de coiffure.
Quelques petits immeubles locatifs résidentiels et des centaines de villas se construisent, tant à St-Légier-La Chiésaz qu'à Blonay. Des routes de quartiers sont créées avec les lotissements. la population augmente, mais les transports publics restent insuffisants. les déplacements en voitures privées deviennent indispensables: pour joindre son lieu de travail parfois à des dizaines de kilomètres, pour mener et rechercher ses enfants à l'école, pour s'approvisionner ou pour faire une course dans la localité voisine !
On n'a plus le temps d'aller à pied ! Un trafic routier pendulaire et le transit encombrent le village. Les bus scolaires augmentent. Les années 1980 voient les travaux de construction des autoroutes A9 et A12, avec jonction à La Veyre e sortie à Hauteville. Les emprises de terrain furent énormes. trois fermes et une partie de leur domaine agricole disparurent sous ces voies de communication modernes. St-Légier - La Chiésaz paie un lourd tribut à ce développement.
Avec le passage de l'autoroute A9, la commune de St-Légier - La Chiésaz est pratiquement coupée en deux: au sud, les quartiers d'habitants de Clies et d'Hauteville, avec son château, et au nord, le villages, les écoles et les installations sportives.
D'année en année, l'augmentation du trafic routier impose des améliorations aux infrastructures, et les giratoires font leur apparition dès 1990. De nouvelles routes sont construites: 1968, route de l'Arbériat, 1978, Clies et Montéliza, 1981, chemin de La Veyre d'En-Haut, 1988 discussion pour la création d'un axe routier nord-sud entre St-Légier et Blonay par la Chenalettaz, 1983, route du Pré-au-Blanc et 2005, route de Chambellion, ceci en plus des corrections des routes et chemins existants.
Dès 2000, la sortie de l'autoroute devient surchargée à certaines heures. En cent ans, la vie de notre commune est bouleversée. la voiture privée est devenue un élément indispensable de notre société.
Elle nous apporte confort et facilité. Mais cette médaille a un revers important: saturation du trafic, bouchons sur les axes routiers, difficultés de parcage, pollution, etc. Ce sont ces problèmes qui occupent nos économistes et les autorités au début de ce siècle.
C'est vers 1850 que l'on commença à parler de chemin de fer. De nombreux projets étaient mis à l'étude partout en Suisse, mais peu furent réalisés. Pour la ligne Vevey-St-Légier-Blonay-Chamby, une demande de concession est adressée à l'autorité fédérale le 31 mai 1898.
Elle est accordée le 6 octobre 1899 et les travaux commencent le 5 novembre 1900. les démarches administratives allaient plus vite qu'en 2010. A cette époque, la population du village comptait 900 âmes, essentiellement occupée par l'agriculture, la forêt et l'artisanat.
La construction de la ligne de chemin de fer créa des emplois. La ligne de Vevey à Chamby est ouverte en 1902. EN 1904, l'achèvement du pont de Fenil, puis le 2 avril 1904, la mise en service de la ligne de chemin de fer de St-Légier-Gare à Châtel-St-Denis changera la vie de la région. Jusque là, chevaux et bœufs étaient les seuls moyens de locomotion utilisés pour les transports. mais le train prit un essor remarquable.
L'ouverture de la ligne Vevey-Châtel-St-Denis entraine un trafic soutenu: les hommes travaillant à Vevey, le bétail pour les abattoirs de Vevey, les transports journaliers de lait pour la centrale de ramassage et le bois pour l'expédition par les CFF.
Pour 1904 déjà, on a transporté 200000 voyageurs et 8000 tonnes de marchandises. En 1927, pour la Fête des Vignerons, le record est enregistré le 6 août avec 10800 passagers.
Pour différentes raisons économiques et politiques, et malgré quelques grognes, la ligne St-Légier-Gare - Châtel-St-Denis fut supprimée en 1969.
C'est seulement le 8 juillet 1911 que la ligne à crémaillère des Pléiades fut inaugurée. La construction du Pont de Fenil, sur la Veveyse, débuta en 1902. Il y avait 30 ans que les autorités de Vevey rêvaient d'une liaison avec Châtel-St-Denis et la Gruyère, par St-Légier - La Chiésaz. Ce pont de 230 m de long qui enjambe la Veveyse recevra la route et le chemin de fer.
Cette construction métallique audacieuse repose sur deux piliers en maçonnerie. Les pierres furent exploitées à proximité et hissées à leur emplacement de pose au moyen de poulies fixées à un échafaudage lourd en bois. Ces piliers ont volume de 6000 mètres cube et sont achevés en août 1903. La ligne de chemin de fer est ouverte le 2 avril 1904. La hauteur du tablier est de 85 m au-dessus de la Veveyse. Des travaux de réfection et de peinture ont eu lieu en 1970, 1995 et 2009.